Chronique

Masques, Caroline Giraud

Résumé:

Pascal est Erudit. Calculer, c’est là toute sa vie : la distance entre les planètes, l’heure exacte à laquelle il doit aller chercher son fils à l’école. Sophie est Noble. Qu’elle ait pu souhaiter travailler, écrire ou faire du sport n’a aucune importance. Cela ne lui est pas nécessaire : le bras de son époux, le roi, suffit à remplir sa haute existence. Scarlett est Bohémienne. Du lever du jour à la tombée de la nuit, le son de sa guitare piste les passants. Les trottoirs la connaissent, assise sur le chemin de tous et de chacun. Elle est la fille de la meilleure, la plus belle, la plus chère des prostituées de Paris. Son destin résonne dans sa voix : elle ne sera jamais rien d’autre que la fille de la prostituée. Eric Shimmer. L’un des Hackers. Ils se tiennent silencieux à l’extérieur de la ville, une arme à la main. Ils n’ont pas le droit d’entrer. Ils aiment la guerre et le sang ; on les croit fous… Mais peut-être attendent-ils bien plus de leur combat. Ils veulent la liberté.

Comment ce livre est-il arrivé entre mes mains?

Caroline Giraud a proposé de m’envoyer son livre en forme numérique en échange d’un chronique. Après avoir lu le résumé, j’ai accepté avec plaisir.

Mon avis:

Comme vous l’aurez lu dans le résumé, il existe dans ce monde quatre différentes castes: les Nobles, les Érudits, les Bohémiens et les Hackers. Les premiers ont le pouvoir car la France est toujours une monarchie, la Révolution française ayant échoué. Les seconds sont les scientifiques, chercheurs ou enseignants de ce monde, avec une réputation d’arrogance et de vénalité qui leur colle à la peau. Les Bohémiens sont des artistes, des vagabonds ou des prostitués. Enfin, les Hackers sont les criminels de ce monde qui n’ont pas le droit d’entrer dans les villes.

Je ne vais pas plus développer le monde car la découverte fait partie du plaisir du livre. On est plongé directement dans l’histoire sans explication ce qui nous force à nous immerger plus rapidement. La narration alterne entre les points de vue de plusieurs personnages dont Pascal et Scarlett, vous découvrirez les autres au fil de la lecture. Cela permet à l’auteure de nous faire découvrir « l’ensemble du tableau » et d’augmenter le suspense. Ainsi, le récit est dynamique et fluide.

On sent tout de suite la réflexion que veut amener l’auteure sur la capacité de chacun à faire des choix, à sortir de ses habitudes et à défier les conventions sociales enracinées dans nos cultures. Parfois, un système cloisonné peut paraître rassurant face à la liberté, malgré les contraintes qu’il impose. Le récit montre qu’aller au-delà de ses préjugés et de ses peurs permet d’avancer ensemble et de casser les clivages qui peuvent exister entre les catégories sociales. J’ai apprécié cette volonté de montrer que chacun peut prendre son destin en main et choisir d’aller contre des règles qui lui semble iniques, même si c’est tout ce que il a jamais connu.

Malgré tout, j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire et, surtout, à m’attacher aux personnages. Le style m’a déconcertée pendant la plus grande partie de l’histoire avant que je finisse par m’y faire. J’ai trouvé que le récit restait dans une superficialité un peu dérangeante, notamment pour les personnages. Ils évoluent face aux évènements, mais restent un peu trop caricaturaux: Pascal est arrogant, Scarlett est impulsive, Sophie est noble. Je sais que c’est lié à l’histoire, au concept des masques: ils enferment chaque individu dans une façon d’être, en rapport avec sa classe sociale, et au fait que ce soit un « one-shot », mais cela m’a empêché de profiter pleinement de ce livre.

Caroline Giraud apporte des éléments mythologiques et philosophiques à son histoire avec des références comme le Sphinx qui propose ses énigmes ou l’âme du monde, nommé Eidos, qui protègent tout deux, les Masques, l’essence des différentes castes. On ressent ici probablement l’influence des études et du métier de l’auteure, professeure de philosophie. J’ai aimé ces clins d’œil qui donne un peu plus de profondeur au récit.

Il y a un certain nombre de rebondissements, d’hésitations et d’action, qui ne m’ont pourtant pas permis de me passionner pour la quête des héros. Le style et peut être un peu de simplicité m’ont fait garder une certaine distance. La fin est attendue, même si un des éléments m’a surprise. J’ai retrouvé ici mon manque d’implication dans l’histoire, car je n’ai pas été émue plus que cela par les moments tragiques. Je suis déçue de ne pas avoir adhéré au style. C’est sûrement en partie lié au fait que l’aventure est  purement parisienne. Or, bien que je connaisse un peu la capitale, je ne m’y projette pas totalement. De plus, j’ai plus l’habitude de lire de longues séries, ce qui influence bien sur mon avis.

Pour conclure, ce roman présente un grand contraste entre le message de fond, intéressant avec des références riches et la forme, avec un style très particulier et une superficialité auxquels je n’ai pas adhéré. Je pense vraiment c’est prometteur et que l’auteure est à suivre. Malgré mes critiques, le message derrière l’histoire est intéressant et l’univers, bien que trop peu développé à mon goût, est cohérent et logique. C’est donc un bilan mitigé à mes yeux et comme toujours dans ce cas, je ne peux que vous conseiller de vous faire votre propre avis.

PS: Le style est inspiré de Mme Bovary, ce qui explique en grande partie mon problème pour y adhérer. Ce roman reste un des rares très mauvais souvenirs littéraires du lycée.

Informations pratiques:
Paru le 26 février chez Bookelis, 408 pages (15€).
Existe en livre numérique (2.99€).

10 réflexions au sujet de “Masques, Caroline Giraud”

  1. Dommage pour les points négatifs parce que dès qu’on parle de castes, ça m’intéresse 😉 Mais finalement j’aurais peur que ce soit trop simple, prévisible … Dommage aussi que les personnages restent caricaturaux … Mais l’univers a l’air intéressant 🙂

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  2. Le pitch est intéressant, mais javoue avoir un peu peur du style… A voir si je me sens un élan de motivation, mais c’est vrai que Flaubert ne rentre pas dans mes écrivains classiques préférés en terme de style, donc bon…

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