Chronique

La couleur du mensonge, Erin Beaty

Résumé:

Sage Fowler, seize ans, est une bâtarde recueillie par un oncle riche et respecté. Sa seule chance de s’en sortir ? Épouser un beau parti. Elle se présente donc chez une entremetteuse – l’une de ces femmes chargées d’évaluer le potentiel des candidats au mariage, et dont les décisions font et défont les fortunes d’une famille, voire d’un pays tout entier. Mais avec sa légendaire indiscipline et sa langue trop acérée, la jeune fille échoue lamentablement. Amusée par son cynisme et son sens aigu de l’observation, la marieuse lui propose toutefois de devenir apprentie.

Sage s’embarque donc dans un périple vers la capitale pour assister au Concordium – là où, tous les cinq ans, se décident les unions les plus importantes – avec un groupe de jeunes filles triées sur le volet. Cette précieuse cargaison est escortée par un bataillon de soldats d’élite qui ne tarde pas à réaliser qu’ils sont tous sur le point de se jeter dans la gueule du loup : le pays voisin prépare une invasion et chaque étape du voyage pourrait bien être la dernière. Spécialiste des missions de reconnaissance, l’un des membres de la troupe sollicite alors l’aide de Sage. Mais plus elle avance dans ses recherches plus elle découvre, horrifiée, que tout le monde joue double jeu… à commencer par son recruteur lui-même ! Et, doucement, le piège se referme sur elle…

Comment ce livre est-il arrivé entre mes mains?

Lumen a offert plusieurs livres numériques pendant le confinement et il en faisait partie. Le synopsis me plaisait bien et me faisait penser au début de Mulan, donc je l’ai pris.

Mon avis:

En lisant le synopsis, j’ai trouvé le concept intéressant. Comment une jeune femme qui à l’origine refuse de d’être soumise au système des mariages arrangés va-t-elle supporter d’en devenir un rouage central? Enrolée dans un voyage pour accompagner les futures mariées vers le Concordium où elles sont sensées trouver leur futur conjoint, elle va peu à peu se rendre compte que leur caravane ainsi que ses protecteurs, soldats cachant eux aussi des secrets, sont pris dans des enjeux qui dépasse largement ces unions.

Ce roman se lit très vite et très facilement. C’est vraiment un « page turner » et même sans être totalement prise dans l’histoire, je me suis totalement laissée portée. Peut à peu, on fait la connaissance des différents protagonistes en découvrant mensonges, manipulations et beaucoup de suspicions au sein même des filles. Les soldats qui les protègent ne sont pas en reste et leur chef tente de découvrir de potentielles trahisons ou espionnes parmi les futures fiancées alors que Sage elle aussi les surveille en suivant les ordres de la marieuse. Cela rend la situation encore plus compliquée et les mensonges plus difficiles à démêler.

Mais et c’est un grand « mais » pour moi, j’ai trouvé l’héroïne terriblement agaçante et arrogante: elle n’est « pas comme les autres ». Elle a un sentiment de supériorité terrible face aux filles « qui ne pense qu’à se marier ». Vus comprenez, elle leur est tellement supérieur parce qu’ELLE ne s’intéresse pas au mariage, ELLE ne se fait pas belle et ELLE aime faire du cheval,… Ce genre de personnage est chouette si elle apprend et se rend compte que chacun a le droit d’avoir ses intérêts. Ce n’est pas parce qu’on s’intéresse au maquillage par exemple qu’on ne peut pas avoir d’autres centre d’intérêt ou que celui-ci est indigne d’une fille intelligente. Le problème est qu’elle ne change pas de comportement. Jusqu’à la fin, elle se met à l’écart des autres filles sans même essayer de faire leur connaissance, sauf une qui est gentille avec elle malgré son attitude de peau de vache. Le pire étant que cela lui apporte l’intérêt du protagoniste masculin parce qu’elle est si différente alors qu’elle l’a humiliée et insultée parce qu’elle croyait qu’il n’avait pas d’éducation (tellement intelligent de mépriser les gens qui ont eu moins de chance que vous).

J’aimerais tellement qu’on voit plus souvent de la solidarité féminine et que le fait de ne pas être typiquement féminine ne soit pas revendiqué comme un élément de supériorité tout comme le fait de l’être ne soit pas la seule attitude acceptable. Ne pas être « girly » n’est ni une qualité ni un défaut. Chacun ses goûts et ses intérêts, la cause féminine n’avancera que si on défend toutes les femmes, pas juste celles qui correspondent à l’image que l’on préfère (et ça marche dans tout les sens).

Les mensonges au sein de la caravane et qui sont la base de l’histoire ne sont pas bien importants. La situation aurait été plus simple sans eux, mais cela ne cause pas de problèmes insolubles. On sait très rapidement qui est « méchant » et qui est « gentil » ce qui fait que les révélations ne m’ont pas surprises. Je trouve que c’est important de glisser par ci par là des indices pour qu’à la fin tout s’emboîte. Cependant, parfois les indices sont un peu trop « intenses » ce qui m’a fait deviner beaucoup trop tôt certains retournements de situations, même certains vraiment tragiques. De plus, l’héroïne pardonne très vite ces fameux mensonges (et heureusement, vu leur nature). Je trouve que l’histoire aurait été plus intéressante sans tout ce manque de communication et de sincérité. Les complots politiques et militaires ont un rôle primordial dans l’histoire mais sont souvent au second plan face aux révélations sur les vies des deux protagonistes principaux et l’impact que ça aura sur leur histoire d’amour.

Dernier point qui m’a surprise a probablement diminué mon plaisir de lecture: en lisant le synopsis, j’ai tout de suite pensé à la culture chinoise. Cependant, l’héroïne est blanche et rousse, l’univers n’est absolument pas inspiré de la Chine Impériale comme j’ai pu le croire. Autant vous éviter la déception si vous aviez tiré les même conclusions erronées que moi.

Ce fut une lecture moyenne avec des personnages m’ont fait lever les yeux au ciel beaucoup trop souvent et pas assez de surprises pour que j’ai envie de découvrir la suite. Le récit se lit pourtant très facilement, mais ce n’était pas pour moi.

Informations pratiques:
Publié en France en 2017 par les éditions Lumen, 506 pages (15€)
Tome 1 d'une trilogie.
Existe en livre numérique (9.99€)
Titre original: The traitor's Circle.

10 réflexions au sujet de “La couleur du mensonge, Erin Beaty”

  1. Le côté page turner est attirant parce que ça fait du bien parfois de se tourner vers des livres que l’on se sait capable de lire vite. En revanche, l’héroïne a juste l’air méprisable, mais on lui pardonnerait presque parce que cela t’a permis de mettre en avant, dans ta chronique, la nécessité de défendre toutes les femmes sans créer de clivage inutile et absurde…
    Un point que je trouve essentiel et que je te remercie d’avoir soulevé !

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    1. C’est sur que c’est chouette un lecture rapide, on en a besoin par moment. Mais Sage est vraiment le cliché de « I’m not like the other girls » que je trouve insupportable. C’est vrai qu’au moins j’ai pu aborder le sujet^^ je t’en prie et merci à toi ☺️

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    1. Si il n’y avait pas cet aspect qui m’a vraiment agacée, j’aurais vraiment pu aimer et je comprends totalement qu’on l’aime 🙂
      C’est juste devenu un de ces schémas narratifs qui me rend folle alors qu’à une époque ça passait.

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  2. Olala, j’avoue que les persos imbus d’eux-mêmes et qui se sentent supérieurs ont également tendance à me saouler… J’ai peur de ressentir la même chose que toi. Je testerai le t1 si je le croise en biblio via mon réseau (pour l’univers qui semble intrigant), mais je ne passerais pas par la case achat.

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  3. Je suis d’accord sur le fait que cette saga est un véritable page-turner 🙂 Cela me fait penser à la saga The Winner’s Curse, on enchaîne aussi les pages et on a toujours envie d’en lire plus. Par contre je n’ai pas spécialement ressenti la supériorité de Sage. C’est vrai qu’elle était assez froide avec les autres filles (j’ai trouvé dommage qu’elle ne se mélangeait pas à elles et n’essayait pas de tisser des liens. Mais en même temps, à part une, les autres filles étaient assez méprisantes à son égard). Ça m’interpelle maintenant que tu le dis, mais j’avoue que ça ne m’avait pas choquée sur le moment.

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    1. Oui, les pages se tournent toutes seules!
      Je n’ai pas lu The Winner’s Curse, mais je pense que je tenterais un jour 🙂
      C’est vraiment un trait de caractère qui me fatigue, donc j’y suis très sensible^^ les filles sont méprisantes au début, maismême avant ça, elle fait des commentaires dans sa tête pas très sympas. C’est même pour ça qu’elle est engagée comme apprentie marieuse, elle juge tout le monde toute le temps^^
      Après, je comprends qu’on aime ce livre 🙂

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