Chronique

Dune, Frank Herbert

Résumé:

Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers convoite.
Quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’Histoire.
Cependant, les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce. Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?

Comment ce livre est-il arrivé entre mes mains?

Je ne me souviens pas du tout comment j’ai obtenu ce livre, mais c’est un classique de la SF et j’ai toujours voulu le découvrir.

Mon avis:

J’ai la chance de l’avoir lu avec la super Kin des Plumes de lunes et c’était vraiment une chouette LC grâce à elle (sa chronique ici).

Dune est un classique intimidant et assez unanimement acclamé. J’ai donc ressenti un peu d’appréhension en me lançant dans cette lecture. J’espérais cependant vraiment aimer et qu’il ne tomberait pas dans les travers de la science-fiction traditionnelle. Spoiler alert: bienvenue dans un nouvel épisode d’Hélène découvre un classique de Sf et ça tourne mal (Episode 1 et épisode 2 à votre disposition)

Le premier élément qui marque dans cette lecture est l’univers, riche, fascinant et vraiment bien développé. Arrakis est un monde hostile majoritairement couvert de désert où l’on récolte au péril de sa vie l’épice de longue vie. Les ouvriers font face aux gigantesques vers du désert, aux tempêtes de sable monstres, à la soif permanente et aux sables mouvants pour récupérer cette ressource, la plus rentable de l’univers. Le duc Leto Atréïdes est envoyé sur place pour succéder à la famille des Harkonnens dans la direction de la planète. Il sait que ces derniers et l’empereur lui tendent un piège, mais il ne peut refuser. Il va donc tenter de pactiser avec les mystérieux Fremens, natifs de la planète qui vivent aux confins du désert.

La culture Fremens, peuple du désert, centrée autour de la valeur de l’eau et de la survie est vraiment développée d’une façon logique et cohérente. L’auteur a pensé à de nombreux détails qui pourraient paraître insignifiants mais qui la rendent vivante. C’est vraiment l’aspect que j’ai préféré dans ce roman et qui couplé au reste de l’univers m’a fait comprendre la passion autour de cette saga.

Si vous me lisez souvent, vous l’aurez senti venir, il y a un mais. Je n’ai pas réussi à me soucier une seconde des personnages. Les seuls que j’ai trouvé intéressant trouvent une mort prématurée. Paul, le fils de Leto est imbuvable et arrogant (fun fact: son prénom, trop « classique » comparé aux autres me sortait de l’histoire en permanence). Jessica sa mère est badass, mais prend des décisions totalement ridicules. Hawat, le chef de la sécurité fidèle des Atréïdes, censément hyper intelligent et puissant, ne comprend jamais rien.

De plus, même si je sais que ces romans datent (1965), les méchants (très très méchants sans qu’on sache trop pourquoi) sont caricaturaux dans le pire sens du terme. Le Baron Harkonnen, principal antagoniste, est obèse, gay et prédateur. Le bingo homophobie et grossophobie me gêne vraiment car en plus, un seul autre personnage est présenté comme « efféminé » et c’est aussi un « méchant » complètement tordu et sadique. Il y a également une place des femmes dans cet univers vraiment problématique: on sent que l’auteur veut donner de la force aux personnages féminins, mais elles restent coincées dans des rôles de compagnes, de mère ou de séductrices. Même la congrégation des Bene Gesserit, femmes aux pouvoirs inégalés ou presque, a une prophétie qui annonce que la personne la plus puissante de leur ordre sera un homme. C’était attendu au vu de la période mais combiné aux antagonistes clichés, cela fait vraiment grincer des dents.

J’ai également eu un problème avec la structure du récit. Le récit nous décrit les évènements au jour le jour pendant les 2 premières parties, puis sortie de nulle part, la 3ème partie commence avec une ellipse de 2 ans. Cette dernière partie nous offre les moments qui devraient être les plus intenses mais on ne les voit pas. Par exemple, il y a une grande préparation à la bataille, elle commence et paf, ellipse jusqu’à la fin de ladite bataille finale. Je n’étais pas énormément investie, mais ces ellipses, lenteurs et structures narratives étonnantes ont achevé le peu d’intérêt qui me restait.

Il y a des sujets de fond intéressants comme la religion, l’endoctrinement ou le fanatisme en particulier avec le questionnement autour du rôle « d’élus » de Paul et Jessica dans les prophéties Fremens ou Bene Gesserit. L’univers a une politique très corrompue et tournée vers le profit sans limite. Cela peut apporter des pistes de réflexion et encore une fois, je comprends l’intérêt que beaucoup porte à ce récit, mais ça ne rattrape pas tous les autres problèmes que j’ai croisé pendant ma lecture.

Je vais arrêter les frais ici. Cette lecture fut une déception et j’ai du me pousser pour finir. Je comprends l’impact qu’a eu cette saga sur la science fiction et je le respecte, mais je trouve qu’elle a vraiment mal supporté le temps. Même si Kin est d’accord avec moi, je sais que nous sommes l’opinion minoritaire, alors n’hésitez pas à vous faire votre propre avis en gardant en tête les avertissements de contenus de clichés homophobes et grossophobes des antagonistes.

Informations pratiques:
Publié pour la première fois en France en 1970 par Robert Laffont.
Premier tome d'une série de deux trilogies.
Titre original: Dune

19 réflexions au sujet de “Dune, Frank Herbert”

  1. Ton avis me conforte dans mes craintes de ne pas trop accrocher même si les thématiques abordées, a fortiori l’endoctrinement, m’intéressent…
    En tout cas, ton premier paragraphe sur les personnages m’a bien fait sourire 🙂
    Bravo à toi d’avoir osé te lancer malgré tes craintes !

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  2. Je me souviens du film qui m’avait plu même si, effectivement, cela a vieilli et comporte les clichés habituels sur la Femme, les antagonistes caricaturaux et le caractère des héros… Je comprends ta déception pour ce pilier de la SF qu’il est quand même intéressant d’avoir découvert.

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  3. « Hawat, le chef de la sécurité fidèle des Atréïdes, censément hyper intelligent et puissant, ne comprend jamais rien. » 😂😂
    Je lirai tout de même ce monument de la SF dans les mois qui arrivent, mais au moins je suis prévenue pour la grossophobie et l’homophobie. Merci pour ta chronique !

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  4. ENFIIIIIIN me voilà XD j’avais pas eu le temps de commenter avant mais je ne t’oubliais pas pour autant XD
    XD j’adore ta chronique elle est parfaite et je suis tout à fait d’accord d’ailleurs (incroyable vu que tu ne connaissais pas encore mon avis sur ce livre héhéhé)
    On refait ça quand tu veux (avec un autre livre un peu bof qu’on puisse dézlinguer en toute impunité ? XD)
    Kin

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