Chronique

Haut et court, Première loi 2, Joe Abercrombie.

Résumé:

Le tocsin de la guerre résonne aux portes de l’Union. L’armée du monde libre, inexpérimentée, mal équipée, divisée par les querelles intestines que se livrent ses chefs incompétents, semble inconsciente du danger qui la guette. Face à elle, sur le front du Nord, les barbares de Bethod se chauffent d’un tout autre bois…

Au Sud, les forces du Gorkhul se massent au pied de la cité de Dagoska. Alors que la ville bouillonne des préparatifs la bataille, l’inquisiteur Glotka – affecté là après la disparition suspecte de son prédécesseur – découvre une conspiration visant à livrer la ville à l’ennemi sans combat. Menacé à chaque instant, Glotka a besoin de réponses, et vite.

Pendant ce temps, la poignée de héros réunie par Bayaz prend la route du Vieil Empire, à destination du bord du Monde. Le Mage espère y trouver la Graine, une relique surpuissante, jadis responsable de la destruction de plusieurs villes, et peut-être aujourd’hui l’unique voie de salut pour l’Union. Mais encore faut-il pouvoir s’en emparer… et la contrôler !

Comment ce livre est-il arrivé entre mes mains?

Depuis que j’ai eu un coup de cœur pour Servir froid, j’ai pour but de découvrir le reste de l’univers de Joe Abercrombie et j’ai donc pris cette trilogie en numérique.

Mon avis:

Attention ce ci est un tome 2, risque de spoilers, ne lisez pas cette chronique si vous n’avez pas lu le tome 1!

Ce deuxième tome nous fait suivre différents arcs narratifs parallèles entre West qui suit le prince arrogant et incompétent à la guerre, le groupe éclectique rassemblé par Bayaz qui entame son voyage vers le Bord du monde, l’ancienne équipe nordique de Logen qui cherche à s’allier à l’Union pour vaincre Bethod et Glokta envoyé comme Inquisiteur dans la ville de Dagoska, assiégée par les troupes de Gurkhul.

J’ai trouvé le rythme prenant grâce à l’alternance des différents récits. L’auteur sait quand nous laisser sur notre faim et quand nous offrir des scènes de batailles ou de révélations. C’est pourtant clairement un tome 2 où les héros sont en pleine quête pour trouver des réponses et tenter de comprendre leur chemin. La différence d’avec beaucoup de tomes intermédiaires est que cela ne m’a pas semblé étiré et juste là pour amener la conclusion finale. Le but final est maintenant clair: contrer les massacres de Bethod ainsi que Gurkhul et ses Dévoreurs, et chacun fait ce qu’il peut pour repousser l’ennemi. Les différents groupes avancent, se battent, découvrent de nouvelles informations et tentent de survivre.

L’atout de ce tome est également l’exploration des personnages. Le récit nous permet de découvrir bien plus en profondeur chacun des protagonistes. J’ai apprécie la subversion des clichés qu’incarne la majorité des personnages. C’était déjà en partie présent dans le premier opus, mais ici on comprend bien plus que les apparences sont trompeuses et que nos attentes seront presque toujours détournées.

Je l’ai particulièrement ressenti avec West. Déjà la fin du premier tome nous montrait bien que l’image du roturier qui a réussi et qui est une bonne personne contrairement à l’arrogant Jezal n’était pas réelle. Il se révèle un personnage encore plus compliqué que prévu et surtout, un vrai sale type malgré la haute image qu’il a de lui même. Dès qu’il arrête de se comporter comme ce qu’on attend de lui, ses choix montrent sa violence, son arrogance et son sentiment que tout devrait lui être du. Il a réussi malgré les obstacles et le snobisme face à sa famille ce qui aurait pu le rendre meilleur que les autres. Finalement, sa rancœur et son aigreur gagnent et le font agir comme une ordure. Il évolue en miroir de Jezal qui part comme une enflure arrogante et qui le reste, mais révèle un part plus noble de lui-même.

Je pourrais continuer ainsi avec chaque personnage. Ils ont tous des facettes inattendues, sans jamais tomber dans la simplicité. Personne n’est bon. Ils ont tous des caractéristiques qui les font agir de façon terrible par moment. Pour autant, ils peuvent agir de façon empathique, aider les autres ou tenter de s’améliorer. Je trouve vraiment que la force de cet auteur se trouve dans ses personnages et la façon qu’il a de les développer/faire évoluer au fil de l’histoire.

Bien que l’on ait déjà été témoin de combats et massacres sanglants dans Premier sang, ici on entre de plein fouet dans la guerre: massacres et stratégies parfois vaines pour résister à l’ennemi. Le siège de Dagoska mené par Glotka est vraiment terrible. Les solutions apportées par le terrible Inquisiteur sont bonnes, mais combien de temps peut-il espérer faire tenir la ville en attendant d’hypothétiques renforts? Et surtout pourquoi? Les batailles du Nord ne sont pas moins atroces et l’auteur ne nous épargne pas à ce niveau. Les massacres perpétrés par les nordiques sont ignobles et les décisions de l’Etat-major de l’Union sont beaucoup trop dépendantes d’incompétents arrogants qui se soucient plus de leur avancement/réputation que de leurs hommes.

Le voyage de Bayaz et des « héros » qu’il a recruté n’est pas de tout repos non plus. Les mauvaises rencontres se multiplient avec des combats brutaux, mais surtout une défiance palpables dans le groupe qui rend le voyage encore plus compliqué. Comment se battre ensemble sans se faire confiance?

L’Union est elle-même présenté comme un ramassis d’incompétents, de manipulateurs et de stratèges intéressés uniquement par eux-mêmes. Le racisme, l’exaltation du nationalisme et de la loyauté aveugle à la patrie (réservée aux basses classes de la population) nous offre la vision d’une société tout sauf idéale. La seule raison pour laquelle on souhaite leur victoire est qu’ils sont un peu moins horribles que les nordiques de Bethod, violents et sans pitié et que les adorateurs du prophète des Dévoreurs (aka mangeurs de chair humaine) de Gurkhul.

La fin est terrible, mais est totalement raccord avec l’ensemble du livre. Si vous avez besoin d’une aventure qui vous remontera le moral, passez votre chemin. C’est un univers sombre et corrompu dont les seuls espoirs reposent sur des héros fatigués, arrogants et qui ne peuvent pas accomplir de miracles.

J’ai bien aimé ma lecture, mais je ne vais pas enchaîner avec le tome 3 comme je l’avais initialement prévu. Le cynisme du récit, que j’apprécie par ailleurs, me pèse un peu dans une période où j’ai parfois du mal à être positive. Je vous recommande totalement de découvrir cette trilogie, mais comme toujours pour la dark fantasy, soyez prêt pour l’ambiance dure et sombre.

Informations pratiques:
Publié en janvier 2018, Bragelonne, 755 pages(9.20€)
Deuxième tome d'une trilogie.
Existe en livre numérique (5.99€) et en livre audio (19.99€)
Titre VO: Before They Are Hanged, The First Law Trilogy, book 2.

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