Chronique

La forêt des Mythagos, Robert Holdstock

Résumé:

Dans un coin perdu du Herefordshire s’étend le bois de Ryhope, vestige d’une ancienne forêt remontant à la dernière glaciation ; un bois tellement dense qu’il paraît impossible d’y pénétrer au-delà d’une certaine limite.
George Huxley, qui s’est établi avec sa famille à l’orée de Ryhope, est pour d’obscures raisons obsédé par cette forêt, par l’idée d’en explorer les profondeurs ; une obsession qui le conduit à négliger sa femme et ses enfants. Après sa mort, en 1946, ses deux fils se retrouvent à Ryhope où, grâce aux carnets qu’il a laissés, l’étrange vérité leur est peu à peu révélée : dans ce coin de l’ancienne Angleterre, il semble que l’inconscient collectif humain soit capable de donner vie aux peuplades des mythes et des légendes.
Et qu’au détour d’un sentier, ou bien derrière un arbre, se dissimulent Guiwenneth, la belle princesse celte, Jason et ses argonautes, le roi Arthur Pendragon et bien d’autres héros encore.

Comment ce livre est-il arrivé entre mes mains?

Mon ancien collègue Franck me l’avait fortement recommandé et je l’ai acheté lors d’une excursion en librairie.

Mon avis

Ce roman suit Steven Huxley qui revient vivre dans la maison familiale après la guerre, où il rejoint son frère, Christian. Tous deux ont un passif compliqué avec leur père décédé il y a peu. Ce dernier était fasciné par l’étude de la forêt entourant la maison. Il a négligé sa femme et ses enfants, pour percer les mystères de ce lieu fantastique. Lors de son retour, Steven trouve Christian rongé par la même passion et dans un état inquiétant. Peu à peu, il va découvrir que la forêt cache bien des secrets à l’attrait vénéneux. Elle crée les personnages légendaires, les mythagos, issu de l’imaginaire des personnes qui sont en contact avec elle.

Le style de cette histoire est intéressant et profond, presque poétique par moment. Le rythme de l’histoire est par contre un peu lent par moment. Le récit se divise en gros en trois parties assez distinctes et les problèmes de lenteurs sont surtout présents dans la première partie. La suite accélère et nous mène dans une succession d’évènements entraînants: action, découvertes et réflexions. Le dernier tiers est même particulièrement fascinant!

Le récit est raconté du point de vue de Steven, qui va découvrir en même temps que le lecteur les mystères de la forêt. J’ai eu l’impression qu’il est le seul personnage « réel ». C’est le seul à ne jamais disparaître, alors que tous les autres sont de passage. Ce contraste avec les autres protagonistes, même son frère, est accentué par le monde mythique et ésotérique qui les entoure. Il nous fait douter et oublier la frontière entre Histoire et légende, être humains et mythagos, rêve et réalité! 

Mon personnage préféré dans ce roman va peut-être vous paraître étonnant, mais c’est la forêt des Ryhope elle-même. Elle a une volonté propre, évolue et influence l’esprit (et la santé mentale) de tous les hommes qui entrent en contact avec elle. Elle partage sa magie, mais peut tout reprendre en un instant. Effrayante et fascinante, elle exerce un attrait irrésistible.

Je dois également souligner les connaissances pointues de l’auteur sur les légendes britanniques et nordiques. C’est agréable de découvrir ce monde mythique un peu oublié, avec une notion évolutive intéressante: les mythagos évoluent avec les gens qui croient en eux, changent d’apparence et de personnalité selon la personne qui les a imaginé. Cela fait réfléchir sur les représentations et l’évolution des croyances au fil du temps, ce qui est important par les temps qui courent où certains veulent remettre au goût du jour des valeurs pseudo « traditionnelles ».

Un aspect m’a vraiment fait tiquer: la romance. La rivalité masculine sur fond de possession m’a hérissé le poil! Bien que la légende fondatrice de Guiwenneth remonte au Moyen-Age, est-ce vraiment nécessaire? Cette façon de réclamer une femme comme sa propriété, mythagos ou non, me déplaît vraiment. Heureusement que Steven modère cet aspect dans certaines de ses déclarations tout comme Christian à la fin. Je pense que le but est de montrer que cette vision des femmes est dépassée et archaïque, mais pendant quelques chapitres, j’ai eu de gros doutes. J’ai trouvé que l’auteur était maladroit là-dessus.

Deuxième point un peu désagréable: le personnage de Guiwenneth. Elle incarne un cliché que je n’aime pas: la femme naïve qui découvre tout grâce au héros. C’est une guerrière, mais elle ne sait rien de la vie moderne, des bains, des soupes,… Elle apprend grâce à Steven et du coup, bien qu’il soit assez banal, dans ses yeux, il est génial. C’est un brave garçon, mais face à une guerrière mythique, que peut-il lui apporter? J’ai cru que j’allais m’énerver quand elle semble devenir le pire schéma narratif que je connaisse: la demoiselle en détresse. Heureusement, elle se révèle plus que ça et existe en dehors des hommes. Elle peut se sauver toute seule.

Dernier petit élément qui m’a déplu, j’ai trouvé la fin facile. L’auteur fait monter la sauce pendant des pages et des pages, pour un final vraiment en berne. Je me suis dit « tout ça pour ça? ».

Ma chronique peut vous semblez dure, pourtant j’ai aimé cette lecture. Elle m’a fait ressentir beaucoup d’émotions contradictoires et quelques déceptions. Cependant, je trouve l’idée des mythagos vraiment géniale et la réflexion que j’ai eue grâce à ce livre est intéressante. Je pense lire au moins le second tome du cycle des mythagos pour trancher un peu plus mon avis après avoir découvert les bases de cet univers.

Je suis désolée, je suis un peu confuse, je pars dans tout les sens avec cette chronique! Je ne sais pas si je vous ait donné envie de lire cet ouvrage, mais, malgré un avis mitigé, je trouve que l’univers est à découvrir!

Informations pratiques:
Paru en 1984, traduite en français en 1987 et ré-édité en 2004 chez Folio SF, 464 pages (8.80€).
Premier tome d'une série, publiée en 2 ou 4 volumes.

13 réflexions au sujet de “La forêt des Mythagos, Robert Holdstock”

  1. Je ne te trouve pas confuse du tout :)Tu soulignes très bien les points que tu as appréciés et ceux qui t’ont moins convaincue.
    Tu m’as donné envie de découvrir ce roman que je ne pense pas avoir déjà rencontré. Si on passe la romance et la personnalité de Guiwenneth, il a l’air de posséder pas mal de qualités qui me parlent. Et puis, j’aime beaucoup quand l’auteur arrive à nous faire prendre d’affection pour un personnage qui n’en est pas un au sens strict du terme…

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    1. Merci!
      J’ai l’impression d’être confuse car j’y ai passé des heures^^ j’ai cherché mes mots pour expliquer mes sensations correctement et cette chronique a eu beaucoup de mal à voir le jour 😀
      Si tu le lis un jour, je serais vraiment contente de lire ton avis. Ce livre m’a vraiment perturbée à divers moments, sans que je sache directement pourquoi! C’est un de ses atouts, il m’a bien fait réfléchir 😀

      Aimé par 1 personne

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